Performances artistiques

Je travaille à une série de peintures abstraites, inspirées par les émotions que fait jaillir en moi la musique électro (comme Aphex Twin, Black coffee ou Chloé Thévenin). Cela peut commencer sur une toile vierge, mais aussi sur une toile déjà peinte, dont je suis mécontente. Le processus créatif est physique, sensoriel, synesthétique : je mets de la musique et je me laisser partir dans une sorte de transe où mon corps danse et peint librement, en réaction au rythme et aux sons. La musique devient la peinture et vice-versa. Parfois je jette directement la peinture sur la toile : elle éclabousse et son énergie est saisie, comme sous l’effet du hasard, sur le canevas ; d’autre fois, j’utilise une spatule et je fais jaillir la couleur sur la toile d’un coup sec. C’est un rituel physique, parfois violent, qui me libère de mes angoisses ; en résultent parfois des accrocs à même la toile, que je recouvre à nouveau d’une généreuse couche de peinture. Une fois cachées, ces brèches font parties prenantes de la toile, une sorte de mémoire matérielle de cette danse frénétique. Dans un deuxième temps, je me sers d’une grande raclette pour recouvrir la toile de strates verticales, épaisses, en écho avec la technique d’un Gérard Richter ou d’un Pierre Soulages. Le résultat final est une toile-palimpseste, qui contient de multiples couches, épaisseurs et textures. Autant d’indices qui évoques les différentes étapes qui ont jalonné le processus de création.