Autour du 104

Mon projet a deux objectifs : il s’agit d’abord de mettre en valeur par le portrait des personnes qui n’ont pas l’habitude de l’être et d’imposer leur présence, et leur beauté, dans l’espace du musée. Ensuite, je cherche à fédérer autour d’un projet valorisant les habitants de longue date des immeubles des rues Archereau, Mathis et Riquet, un quartier populaire en pleine gentrification. Je suis arrivée dans le quartier en 1999, lorsque ma famille a quitté le 13ème arrondissement et ses loyers trop élevés. Bien que je sois une habitante de longue date du quartier, je fais donc moi aussi partie d’une première vague de « gentrifieurs ». Le MK2 quai de Seine venait d’ouvrir et le quartier commençait déjà un processus de transformation. Depuis les années 2000, et en particulier depuis l’inauguration du 104 en 2008, ces transformations se sont accélérées. Le 19ème reste l’arrondissement le moins cher de Paris avec une densité très élevée de logements sociaux, mais l’arrivée de supermarchés bio et de magasins branchés est le signe le plus flagrant de changements démographiques majeurs sur lesquels les habitants des logements sociaux n’ont pas de prise. Bien qu’ils soient préservés de l’expulsion et de la montée des loyers, ces habitants doivent composer avec un quartier qui change, des commerces qui disparaissent, et des lieux qui leur restent étrangers.

En allant à la rencontre d’habitants de longue date des logements sociaux du quartier Riquet, je souhaite mettre en avant leurs visages et leurs ressentis face à ces changements. Notre rencontre, et l’exposition qui en découle, deviennent l’occasion de faire dialoguer nouveaux, anciens et « anciens-nouveaux » habitants du quartier. En les intégrant, littéralement, par le biais d’une exposition de portraits, je cherche ainsi à réconcilier le 104 et son quartier.

Ma démarche consiste à aller au-devant des habitants du quartier Riquet par des moyens « traditionnels » plutôt que par les réseaux sociaux. Je dépose des affiches dans les ascenseurs des immeubles, je discute du projet avec les habitants au pied de l’immeuble, à la sortie des écoles et je fais fonctionner le bouche à oreille. En utilisant ces différents moyens, je cherche à rencontrer des gens qui ne sont pas dans le milieu des arts et qui, pour certains, sont loin d’internet. Après un premier contact, je propose une rencontre au 104 pour expliquer le projet et commencer les prises de vue photo.

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Portrait de Yakuba – 116 par 89 Acrylique sur toile

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Portrait de Bruce – 80 par 60 cm  Acrylique sur toile

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Portrait de Lassana – 50 par 65 cm  Fusain sur papier

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Portrait de Christopher – 50 x 65 cm Fusain sur papier

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Portrait de Christopher – 80 par 60 cm  Acrylique sur toile

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Portrait de Bruce – 50 par 65 cm  Fusain sur papier