Mon projet a deux objectifs : il s’agit d’abord de mettre en valeur par le portrait des personnes qui n’ont pas l’habitude de l’être et d’imposer leur présence, et leur beauté, dans l’espace du musée. Ensuite, je cherche à fédérer autour d’un projet valorisant les habitants de longue date des immeubles des rues Archereau, Mathis et Riquet, un quartier populaire en pleine gentrification. Je suis arrivée dans le quartier en 1999, lorsque ma famille a quitté le 13ème arrondissement et ses loyers trop élevés. Bien que je sois une habitante de longue date du quartier, je fais donc moi aussi partie d’une première vague de « gentrifieurs ». Le MK2 quai de Seine venait d’ouvrir et le quartier commençait déjà un processus de transformation. Depuis les années 2000, et en particulier depuis l’inauguration du 104 en 2008, ces transformations se sont accélérées. Le 19ème reste l’arrondissement le moins cher de Paris avec une densité très élevée de logements sociaux, mais l’arrivée de supermarchés bio et de magasins branchés est le signe le plus flagrant de changements démographiques majeurs sur lesquels les habitants des logements sociaux n’ont pas de prise. Bien qu’ils soient préservés de l’expulsion et de la montée des loyers, ces habitants doivent composer avec un quartier qui change, des commerces qui disparaissent, et des lieux qui leur restent étrangers.