En tant qu’artiste, je m’intéresse à la rencontre, celle qui me permet de dialoguer avec des personnes qui ont un parcours, une histoire ou des origines différentes des miennes. Si j’ai choisi le portrait, c’est d’abord pour sa temporalité unique : parce qu’il peut s’étaler sur des dizaines d’heures de pause, il créé un espace de dialogue, met en face deux individus qui doivent apprendre à se connaître. Le choix du portrait est aussi politique : c’est un médium qui anoblit, donne une valeur, voire une épaisseur historique, à la personne portraitisée. Depuis plusieurs années, je peins des séries de portraits en collaboration avec des associations de quartiers, en France et aux États-Unis. En peignant le visage des gens d’ici – habitants d’Aubervilliers ou du 19e, migrants du camp de Stalingrad – et d’ailleurs – projet « visages de NOLA » – je cherche à fédérer ces communautés diverses autour d’un projet valorisant et à les faire entrer dans la prestigieuse tradition du portrait.